Liberté

            de Tony Gatlif (sortie: le 24 février 2010)
                             Scénario de Tony Gatlif



Sous la menace du régime de Vichy,un maire de village et une institutrice aident un groupe de tziganes à trouver  refuge ...

Bouleversant ... Mon gros coup de coeur ...  Tony Gatlif  évoque ici une période noire et  assez méconnue de l'histoire  : la déportation des tziganes pendant la 2nde Guerre Mondiale. Comme à son habitude , il nous immerge dans le quotidien des gitans entre musique , poésie , déambulations ... Cependant, dès la première séquence la vision de ces fils barbelés  semblant jouer une musique monotone, ne présage rien de bon. On suit donc une famille de gitans qui s'installe dans un village pour pouvoir travailler dans les vignes. Mais l'ennemi n'est jamais loin: un groupe de soldats allemands, la gestapo ou un homme, auparavant de confiance . Très vite, ils sont pourchassés malgré leur respect des procédures admnistratives qu'on leur impose.  Heureusement, le maire et l'institutrice du village les aident en les hébergeant dans une maison inoccupée . Mais la sédentarisation ne leur convient pas, la peur de la pierre et de l'enfermement  ainsi que le mécontentement des villageois sont de trop. Les gitans reprennent la route ... jusqu'où?   Tony Gatlif évoque ce peuple qui lui est cher avec grâce fantaisie et empathie . Il retranscrit à travers sa caméra leurs croyances , leur peur de la pierre et des "mulots" (  les fantômes), leur goût pour la musique , leur  liberté, leur vision de l'environnement qui les entoure, leur conception de la vie en société... Un personnage résume toutes ces caractéristiques: Taloche,  un grand gamin fantasque d'une trentaine d'année toujours accompagné d'un violon,  courant et dansant au milieu d'une forêt ou d'une plaine (très belles séquences). Ce personnage représente aussi toutes les angoisses de ce peuple par ces cris , ces pleurs, ces fuites...  On s'attache très vite au personnage et on est bouleversé dans la séquence final. Tony Gatlif traite avec subtilité l'horreur de la déportation: une montre avec des inscriptions en hébreux sur une ligne de chemin de fer, le petit garçon orphelin...   Coté interprétation, gros coup de coeur pour James Thiérrée, homme de scène, qui interprète ce fameux Taloche par sa vitalité , sa folie, sa liberté ... On se dit qu'il se fait trop rare au cinéma tant on ne peut rester indifférent devant une telle interprétation.  Surprise aussi pour Marc Lavoine dans le rôle du maire, j'étais resté à son côté séducteur-macho dans le coeur des hommes mais il se révèle convaincant dans ce rôle de maire humaniste qui va braver quelques interdits pour sauver cette communauté rejtée. Même chose pour Marie-Josée Croze , tout en grâce et douceur en tant qu'institutrice résistante. Tony Gatlif s'est d'ailleurs inspiré de plusieurs histoires vraies, celle de Tolloche , un gitan interné dans un camp qui a réussi à se libérer en achetant une maison mais par son incapacité a rester entre 4 murs a reprit la route vers la Belgique, son pays natal mais fut arrêté avant qu'il atteigne son but et fut déporté en Pologne et celle de mademoiselle Lundy, une institutrice résistante et républicaine .   A cela s'ajoute la musique aux sonorités tsiganes composée par  Delphine Mantoulet et Tony Gatlif . En somme, un film à voir parce que c'est un véritable devoir de mémoire sur cette tragédie qui a touché le peuple gitan mais aussi par le souffle de liberté que nous insuffle Tony Gatlif à travers sa musique, ses images, sa poésie et ses personnages.